Dans le cadre de la diversification agricole sur le territoire et du soutien au développement de la filière maraichage, le Projet Alimentaire du Territoire de Jausiers part à la rencontre des maraichers déjà installés. A travers ces rencontres, la commune souhaite mettre en évidence la diversité de type de maraichage qui existe ainsi que la possibilité de produire fruits et légumes en haute altitude sur des modèles déjà prouvés ailleurs en France ou dans le monde (Pérou, Tibet...).
Mardi 6 juin, Leslie nous a ouvert les portes de son potager à Faucon-de-Barcelonnette. Son maraîchage s'inspire de techniques que l'on trouve ailleurs dans le monde, permettant de réduire la quantité de travail et les contraintes climatiques liées au milieu.
Son terrain accueille un pré avec des ânes, permettant un apport direct de fumier pour les légumes, des buttes pour la production maraichère, une serre de 40 m² pour les tomates ainsi qu’une serre semi-enterrée, appelée communément walipini.
La culture en butte
Une culture en buttes pourquoi ?
Les buttes diminuent la pénibilité du travail, grâce à leur hauteur qu’il est possible de moduler en fonction de la taille du jardinier. En effet, elles lui évitent de devoir trop se courber et d’avoir mal au dos.
Elles augmentent la surface de production en donnant du volume au sol; un terrain plat devient alors bombé.
La technique de la culture sur butte diminue également le besoin en eau sur les cultures.
- Les buttes linéaires
Les buttes linéaires du potager de Leslie sont entièrement constituées de terre. C’est pourquoi elle les utilise pour la production des légumes racines (carottes, patates, oignons...) qui craignent moins les ravageurs.
- Les buttes en mandala
La forme en mandala est un choix esthétique de la jardinière. Le mandala, circulaire, permet cependant un avantage conséquent pour l’aspersion du potager.
Dans le mandala, les buttes sont composées de troncs d’arbre en décomposition, de branches, de feuilles, de terre et de fumier, puis elles sont paillées.
Les troncs apportent ici un support à la fertilisation de la butte qu’ils constituent. À mesure qu’ils se décomposent (lentement !), ils apportent les nutriments nécessaires à la croissance des plantes. Cette technique, originaire des pays de l’Europe de l’Est, est également appelée « butte auto-fertile ».
Une telle culture permet d’obtenir une terre riche et meuble.
Avant de réaliser une butte, il est important de connaitre son sol.
La plupart des buttes, lors de leurs réalisations, ont un impact important sur la vie du sol; il est nécessaire de se demander s’il est vraiment utile d’en construire une.
Leslie utilise les buttes forestières pour cultiver tout ce qui « sort du sol » (haricots, courgettes, tomates, poivrons…). La construction des buttes, avec ses nombreux branchages, évitent également les ravageurs de creuser des galeries.
La serre semi-enterrée
Quels sont les avantages de la serre semi-enterrée dans notre climat montagnard ?
Le défilement des saisons, le froid, le vent, sont des facteurs limitants pour le maraichage. La serre est donc très utile, puisqu’elle protège des aléas climatiques et des changements de température, avec plus ou moins d’efficacité selon son type.
Une serre permet d’offrir aux cultures des conditions plus favorables à leur développement : une température plus stable, pas de gelées, une filtration des UV…
Le maximum d’efficacité est obtenu par la serre enterrée, ou walipini, inventée pour permettre des cultures potagères toute l'année dans des conditions défavorables. Walipini signifie « espace de chaleur » dans un dialecte bolivien.
Cette serre semi-enterrée ne peut être arrachée par le vent et s'appuie sur l’inertie thermique de la terre. Grâce à cette inertie, sa température intérieure varie beaucoup moins et beaucoup moins rapidement qu’au-dessus de la terre. En effet, la terre absorbe la chaleur ambiante durant la journée, pour la restituer la nuit.
La serre walipini est souterraine sur une grande partie de sa hauteur et recouverte d’un toit transparent. Celui-ci va permettre d’accumuler encore plus de la chaleur du soleil durant la journée à l’intérieur de la serre.
Cette serre permet donc de cultiver des légumes tout au long de l’année ou presque. Ils sont protégés du gel et des froides températures de l’hiver mais aussi des températures brûlantes de nos étés.
Dans le potager de Leslie, la walipini sert au stockage des agrumes l’hiver puis à la production des semis à partir de février. La walipini permet d’obtenir une température d’environ 14°C sous serre alors qu’il fait 0°C dehors.
Leslie s’inspire donc des techniques du monde pour cultiver tout au long de l’année, améliorer la fertilité de son sol et diminuer la pénibilité de son travail.
Avec les changements climatiques, elle voit en l’Ubaye la Provence de demain. Il suffit d’ouvrir l’œil, les vignes et les lavandes s’adaptent déjà dans ce climats sud-alpin… Alors il ne faut pas attendre, elle plante dès à présent les espèces de demain.
